Dent d'Hérens par l'arête de Tiefmatten le 1 octobre 2023

Voilà que la fin de la saison estivale d’alpinisme est proche en ce début de mois de septembre. Je me rends compte que je n’ai toujours pas grimpé avec Collin. C’est alors que nous nous contactons pour bloquer une date fin septembre/début octobre, à ce stade sans but précis. Les conditions, nous dirigerons le moment venu.

Le lundi précédent notre course du week-end j’apprends que mon compagnon de cordée est franchement malade. Je jette un coup d’œil à la météo (qui s’annonce fabuleuse) et espère au plus profond de moi qu’il se remette rapidement. Milieu de semaine, la météo est toujours stable et l’état de Colin s’améliore. Nous discutons de plusieurs possibilités pour bien terminer cette saison, passant de la Dent Blanche au Schreckhorn, pour finalement nous mettre d’accord sur la Dent d’Hérens !

Pour rappel, la Dent d’Hérens (4'173m) est une jolie pyramide, qui de loin est souvent visible avant le Cervin. Elle m’a fait rêver lors de mes premières escapades alpines dans ce secteur, surtout sa face nord et son glacier suspendu !

Samedi matin, nous voilà partis en l’Italie pour le lac de Place du Moulin dans la Valpelline. Nous montons au refuge Aosta d’abord en longeant le lac à vélo et ensuite à pied le long de la rivière. Au passage, je conseille la randonnée dans ce secteur qui est tout bonnement splendide !

Nous trouvons une cabane non gardiennée, propre, simple et fonctionnelle. L’après-midi on va jeter un coup d’œil au glacier (compliqué) qui nous attend le lendemain matin histoire d’améliorer notre départ nocturne. Le dimanche départ à la frontale. Nos premiers pas sur le glacier et sur sa rampe inclinée se passent sans grandes difficultés. Colin qui est devant nous trouve un cheminement tiptop !

Plus haut sur le plateau glaciaire, la couche de neige gelée qui détend le matin, craque et nous fait sursauter à plusieurs reprises. C’est très impressionnant. Nous restons prudents et sur le qui-vive pour ce passage.

Nous voilà au début du couloir qui nous amène sur l’arête de Tiefmatten. Le couloir est équipé de chaînes, qui pour une fois ne sont pas là pour faciliter l’ascension au plus grand nombre, mais bien pour accéder à une arête qui sans elles ne serait pas accessible (à moins d’avoir un courage hors-normes...).

La suite de la course est agréable et variée. On enchaîne arête de rocher, face en neige et escalade mixte. Nous débouchons enfin sur la magnifique arête sommitale qui est en neige ! La vue sur le Cervin est splendide !

Avec Colin nous sommes heureux d’avoir atteints ce sommet à cette saison et dans des conditions délicates. Le bonheur est d’autant plus grand de profiter d’une course et d’un sommet sans personne.

Le moment de la descente arrive et se déroule bien. Nous profitons de faire plus de progression en corde tendue qu’à la montée. Nous atteignons le couloir désagréable et franchement pas rassurant. On fait hyper gaffe ne pas faire bouger de cailloux et surtout de dégager rapidement de cet endroit.

Nous voilà de retour sur le glacier. La descente sera encore un gymkhana entre les (grosses) crevasses. Finalement on retrouve notre rampe qui nous dépose sur le sentier.

Retour par le refuge, le lac, les vélos et la pizza à Bionaz (Italie).

Je garde de cette course un souvenir magnifique. Une ascension complète. Un excellent moment de partage avec Colin.

J'apprends aussi lors de ces courses sur terrains variés (glacier, neige, mixte, roche) qu'il faut être à l'aise, savoir passer d'une compétence et maitriser les différentes techniques. Le grand secret d'une ascension réussie, c'est d’apprendre à surmonter les difficultés les unes après les autres et sans précipitations. Merci Colin :)

Christophe Gherardi & Colin Pelletier