Valpelline, du 30 juillet au 2 août 2018

Quatre jours de randonnées dans la Valpelline

Du 30 juillet au 2 août 2018

Participants: Gilberte Gerber, Jocelyne Kohli, Claudine Ulmo, François Humbert, Berty et Maxime Zürcher, Maurice Zwahlen (Organisateur).

A la suite du succès rencontré par la proposition de randonnées dans les Dolomites, l'organisatrice de cette semaine officielle m'a demandé d'organiser quelque chose aux mêmes dates pour les personnes intéressées mais qui se trouvaient en surnombre. En fonction de mes capacités, j'ai proposé 4 jours de courses "en étoile"  depuis Bionaz, dans la Valpelline.

 

Lundi 30 juillet 2018

Après un tout bon voyage à cinq dans la très confortable voiture de François, nous nous garons à proximité du virage en épingle à cheveux coté 2079 m sur le versant italien du col du Grand-Saint-Bernard, atteint en quelque 3 heures de route. Nous y retrouvons Gilberte et Jocelyne qui venaient de la région d'Aoste. Nous nous équipons et nous nous mettons en marche en direction du col de Saint-Rhémy. Nous empruntons un ancien chemin d'alpage, pas entretenu et lorsqu'il pénètre dans un fourré, nous prenons une sorte de ravin qui monte tout droit. Pénible, nous jouons un peu les "Tarzan dans les raisinets". Nous retrouvons notre chemin en partie confortable, en partie peu visible. A proximité des ruines de l'ancien alpage Praz de Farcoz (2223 m), nous obliquons plein nord, hors sentier sur des terrains herbeux où la marche est aisée. Nous trouvons enfin  vers 2300 m le sentier officiel qui conduit à notre objectif. La pente se fait plus soutenue, nous avançons assez lentement, mais nous parvenons  au col de Saint-Rhémy (2563 m) à une heure tout à fait décente pour pique-niquer au soleil qui chauffe fort.
Après une bonne pause, nous décidons de poursuivre notre chemin dans la Comba des Thoules, à peu près à plat dans un environnement magnifique. Nous parvenons tous au premier torrent après 2 km de marche aisée (2651 m). Les Zürcher décident de continuer en direction du col des Seignes (2617 m) que seul Maxime atteindra en très peu de temps. Nous rebroussons chemin et nous nous arrêtons pour nous regrouper au col de Saint-Rhémy où nous admirons encore une fois le magnifique paysage qui nous entoure après nous être extasiés sur une flore variée, encore de toute beauté. En une heure de descente en passant par le nouvel alpage Praz de Farcoz en activité celui-là, nous retrouvons les voitures sur la grande route dont le bruit, surtout celui des motards, nous a accompagnés une bonne partie de la journée.
Nous poursuivons notre voyage vers Bionaz. A Etroubles nous empruntons des petites routes qui, par Allein et Doues, nous amènent à Valpelline, puis à Oyace, village s'étendant sur un très haut coteau surplombé d'un château, enfin à Bionaz où nous nous arrêtons à l'hôtel Alpe Rebelle, au lieu-dit Chez les Chenoux. L'accueil y est chaleureux, les chambres confortables, la décoration soignée et les repas copieux et remarquables avec des entrées surprenantes et délicieuses.
Environ 5 heures de marche effective, 7.6 km, 600 m de dénivelé positif.

 

Mardi 31 juillet 2018

Après un excellent petit déjeuner à base de produits régionaux variés, nous nous mettons en marche devant l'hôtel (1710 m) aux alentours de 9 h 30. Comme je suis le plus lent, je pars devant et je progresse aisément sur un bon chemin; je serai rattrapé par mes amis à Grand Rond, un alpage situé à 1833 m d'altitude. Le sentier est ensuite assez raide et nous gagnons l'altitude 2000 presque toujours en forêt ce qui est fort agréable vu la chaleur caniculaire de ces journées. Nous franchissons un grand torrent sur un pont et là, je rate le raccourci que je pensais emprunter, et nous parvenons sans gros efforts à Berrier (2198 m) un alpage où quelques voitures sont stationnées. Direction ouest, nous continuons de grimper sur un excellent sentier qui, après avoir obliqué vers le nord et le faîte d'une ancienne moraine, nous conduit au refuge de Crête Sèche (2385 m)  après 2 h 30 de marche à peu près. Dans la belle salle de la cabane, nous prenons un repas de midi à l'italienne, des pâtes, du rouge ouvert fort agréable et des cafés si serrés qu'on pourrait les mettre dans un dé à coudre.
Nous repartons sur nos pas jusqu'à Berrier atteint très rapidement. Nous hésitons un peu sur la suite du cheminement mais nous trouvons un bon sentier, raide et en plein soleil qui nous conduit à un belvédère avec panorama à 2400 m d'altitude. Mais avant, lors de la montée, un énorme mais très bref coup de vent, m'a obligé à me mettre à genoux pour m'accrocher à un rocher et a renversé Gilberte qui me suivait de tout près. François qui était 10 mètres derrière nous n'a rien senti, les autres qui étaient plus loin en avant, non plus… Une belle frayeur et du sable dans la bouche!!! Cet incident nous fait redoubler d'attention sur le chemin escarpé qui suit, entre autres lors d'un passage au haut d'une sorte de coulisse – dévaloir qui débouche tout près de notre hôtel, 700 m plus bas. Nous faisons une bonne pause qui nous permet d'admirer la Dent d'Hérens dans toute sa splendeur, les belles montagnes environnantes, des pics rocheux qui dépassent souvent les 3500 m d'altitude, et la vallée de la Valpelline avec au loin d'autres sommets, peut-être dans le parc naturel du Gran Paradiso. Nous croyons être au bout de nos peines, mais une dernière montée, rude mais courte, nous mène au point culminant de la journée, à environ 2500 m d'altitude, une une sorte de collet qui précède une descente assez raide sur l'alpage en ruines de Marmottin (2337 m). Une curieuse construction intrigue François et Maxime qui font un petit détour pour voir ce dont il s'agit: c'est une superbe étable ancienne, de très grandes dimensions, toute en longueur, construite à l'aide de lauzes régulières formant une voute parfaite, sans ciment. Nous continuons sur des prairies d'alpage vers celui de la Tza (2328 m) et passons non loin de son troupeau de vaches. Nouvelle hésitation quant au chemin à suivre, le panneau indicateur ayant été tordu par les tempêtes hivernales. Mais nous trouvons assez vite un sentier bien raide qui entre dans la forêt et qui descend en zigzags vers l'alpage de Challon (1946 m). Il suit à peu près un petit monorail destiné au transport de matériel pour l'alpage de la Tza qui n'a aucun accès routier. Nous admirons cette réalisation technique toute simple dont nous connaissions l'existence sur de brefs tronçons dans les vignes en pente des coteaux neuchâtelois, valaisans ou vaudois. Nous traversons des pâturages où le cumin abonde, et nous attaquons la dernière partie de la rude descente qui nous conduit assez vite à la petite route de notre hôtel que nous suivons sur 300 mètres. Belle journée, assez rude pour moi, chaude, bien sûr, avec une flore superbe et des découvertes étonnante.
Un peu plus de 6 heures de marche effective, 12 km, 995 m de dénivelé positif.

 

Mercredi 1er août

Comme nous en prenons l'habitude, c'est vers 9 h 30 que nous quittons l'hôtel dans nos deux voitures en direction du parking payant du barrage des Places Moulin, (2000 m), atteint en une vingtaine de minutes. Nous nous mettons en route, c'est le cas de le dire, et à la deuxième épingle, nous choisissons le sentier le plus court (marqué EE selon la classification italienne, assez difficile). Je pars devant, sans attendre le groupe car je sais que ce sera rude. Je m'élève tranquillement, calmement, sans m'essouffler sur une pente très soutenue, caillouteuse par endroits en plein soleil. Je m'accorde un bref arrêt après 200 mètres de dénivelé, près d'un petit torrent à franchir.
J'aperçois mes amis lorsque je me remets en route pour monter sur un excellent sentier en zigzags une nouvelle centaine de mètres après lesquels je me repose un moment à l'ombre d'un beau mélèze, immédiatement après l'endroit où se rejoignent les deux sentiers venant du barrage. Je suis bientôt rejoint par un berger, son cheval et ses ânes, qui conduit un gros troupeau de vaches (dont un certain nombre de la race d'Hérens, des combattantes ayant encore leur numéro  peint sur leur beau pelage brun foncé). Elles avancent assez lentement, regardent les 10 ou 20 mètres qu'elles vont franchir avant de se décider (le sentier est souvent étroit et pierreux), broutent un brin d'herbe, s'arrêtent, repartent et finissent par me dépasser par groupes de 3 ou 4. Mes amis un peu plus bas font la même expérience et nous sommes tous ravis d'avoir "participé" à cette montée à l'alpage qui n'a rien de folklorique. Nous dépassons les ruines des Seytives Damon à 2446 m d'altitude et nous nous arrêtons tout près de l'alpage de Plan Valon (2578 m) où nous mangeons nos sandwichs  "étouffe chrétien" préparés à l'hôtel. 
Le temps se couvre de tous côtés et bientôt un premier coup de tonnerre retentit. Nous prenons la décision de ne pas monter au lac Mort, notre objectif de la journée et d'essayer de redescendre avant l'orage. A la bifurcation nous empruntons le sentier de gauche, nettement moins raide, qui passe par le Mea, un autre alpage en ruines. Il suit à peu près le tracé d'un petit monte-charge monorail entre la route du barrage et l'alpage de Plan Valon. Lors de la descente, nous avons l'occasion d'observer l'engin utilisé. Il permet de monter une bonne grosse charge de bagages et autres avec deux personnes juchées sur le petit wagonnet. Nous parvenons au parking sans être vraiment mouillés, l'orage s'étant manifesté tout autour de nous. Maxime et Berty prennent la voiture de Jocelyne pour descendre immédiatement à l'hôtel Alpe Rebelle alors que nous prenons le temps de boire le verre de l'amitié dans l'hôtel-restaurant proche du barrage tandis que l'orage se déchaîne. Journée tout de même réussie; nous estimons tous que nous avons pris la bonne décision 
De retour à notre hôtel et après une bonne douche, François et moi descendons au bar. Nous y croisons Maxime qui rentre, tout mouillé après être allé courir: Il est tout simplement monté au refuge de Crête Sèche en une heure (650 m de dé nivelé positif) et redescendu en 30 minutes. Nous en restons baba!!!
A peu près 4 heures de marche effective, 6 km, 600 m de dénivelé positif


Jeudi 2 août 2018

A la suite de certaines discussions la veille, et au vu que nous avons une longue route à faire pour rentrer, et vu que certains d'entre nous sont un peu fatigués, nous décidons de ne faire qu'une petite course, une boucle  en direction du refuge de Praz Raye où nous comptons dîner. Nous montons en voiture au barrage des Places Moulin et nous nous mettons en marche sur le bon chemin le long du lac. Après 500 m à peu près un large sentier part sur la gauche et monte tranquillement en direction de Grésime et de l'alpage d'Arp Pessaou (2115 m), terminus d'une route sans doute utilisée lors de la construction du barrage pour y amener du gravier extrait dans le coin où des "cicatrices" anciennes sont encore bien visibles dans les pentes environnantes. Le sentier entre alors dans la forêt et les différents coups d'œil sur le lac d'un bleu turquoise incomparable nous émerveillent, tout comme la flore encore très abondante et variée. En deux petites heures nous arrivons au refuge où les repas ne sont servis qu'à partir de 12 h 30. Nous flânons un peu aux alentours, Maxime profite d'aller se baigner dans le lac, et à l'heure-dite, nous entrons dans la grande salle à manger où une table nous est réservée. Le repas est rapide, des pâtes avec de la sauce aux tomates, et un petit vin rouge légèrement pétillant qui ne plait guère surtout à Berty qui le trouve "tourné". 
Nous quittons Praz Raye en faisant un petit détour par le bord du lac, la chapelle qui s'y trouve et par des champs où le cumin abonde. Bethy et Maxime décident de rentrer par le haut, par l'itinéraire emprunté ce matin. Nous rejoignons les voitures par le bon chemin du bord du lac, qui, en fait le surplombe de près de 100 mètres sur toute sa longueur. Nous ne cessons d'admirer les couleurs de cette magnifique retenue d'eau et les montagnes qui l'entourent.
Au parking, nous décidons de rentrer par les hauts d'Aoste afin que Jocelyne puisse faire le plein d'essence. (Il n'y a pas de station-service dans la Valpelline à notre connaissance). Nous nous retrouvons pour une dernière boisson au sommet du col du Grand-Saint-Bernard, côté italien, et nous décidons de nous arrêter à Saint-Blaise pour y manger une excellente pizza.
3 h 30 de marche à peu près, environ 10 km, 200 m de dénivelé positif en tout.
 

Maurice Zwahlen