Camp d'escalade de l'Ascension 2021

Je vérifiais la météo depuis des jours et c’était plutôt mal parti. En gros, ils annonçaient de la pluie sur toute la Suisse, partout, tout le temps. Pour rendre la tâche plus ardue, Loan qui devait coorganiser le camp m’annonce à la dernière minute qu’il ne pourra pas y participer, ses examens de passerelle pour le master de médecine étant un mois plus tôt que prévu. Deuxième mauvaise nouvelle, Claude, également inscrit, décide de nous lâcher au dernier moment. J’avais entre temps contacté les OJ et 3 d’entre eux étaient disponibles et très motivés. Cédric s’était également inscrit et Lorena avait prévu de venir m’aider. Le rapport participant/voiture allait être problématique compte tenu du fait que Cédric ne pourrait pas obtenir de voiture. Après quelques coups de téléphones et discussions avec Lorena, la décision est prise. Nous prendrons une seule voiture, celle généreusement prêtée par les parents de Lorena, et nous y fixerons un coffre sur le toit.

Le voyage ayant pris une tournure de vacances familiales, nous prenons une seule grande tente 6 places possédant un petit espace central qui nous permettrait de manger à l’abri en cas de pluie. Doutant de sa taille et de son étanchéité, Lorena et moi la montons dans le jardin par précaution (celle-ci n’avait pas été utilisée depuis bien 10 ans). Nous décidons d’installer également la tente cuisine du club pour voir si celle-ci ferait l’affaire le cas échéant. Difficile tâche dont se rappelle chaque membre du club ayant déjà dû un jour monter cette tente. Par chance, je me souvenais assez bien de la manière de procéder et je décidai de ne me fier ni au plan ni aux différentes marques de peinture tracées par chaque génération de grimpeur du club pour se faciliter la tâche (sans grand succès). La tente est ainsi (très relativement) vite montée et, malgré mes souvenir d’une tente à toute épreuve, celle-ci s’avère être trouée à plusieurs endroits et il ne semble pas très raisonnable de l’utiliser pour y dormir. Le choix se porte donc sur l’autre, pas très grande et dont la solidité et la potentielle étanchéité ne dépasse guère celle de la tente trouée.

Nous partons donc jeudi matin, sous la pluie, en direction de Bienne qui semble être la région la moins touchée par la pluie. En effet, le sol et les arbres sont mouillés mais une bonne partie des falaises de Vingelz est sèche et nous pouvons y grimper. Le vent rend la température bien fraîche et, après avoir mangé, nous partons en direction de Wilderswill. Finalement, nous éviterons complètement la pluie et nous pouvons même manger la traditionnelle fondue à l’extérieur. Les prévisions ont changé et le lendemain s'annonce être le meilleur jour (il pleut seulement à partir du milieu d’après-midi). C’est peut-être le seul jour envisageable pour des longues voies et nous décidons d’avancer le réveil pour tenter le coup. Nous partons vers Hintisberg, une falaise à 2000m d’altitude donnant plein sud, avec une vue imprenable sur la face Nord de l’Eiger. Il reste, comme anticipé, un peu de neige pour l’accès mais nous pouvons sans trop de problème atteindre le pied des voies. Malheureusement, la falaise qui paraissait sèche de loin, ne l’est que dans la partie de gauche où se trouvent les voies trop dures. Celle que nous comptions faire passe en plein dans une coulée et je décide après une première longueur de rebrousser chemin. Une manip et quelques plus tard (la longueur étant bien entendu une traversée rendant impossible la récupération du matos, je dois faire monter Arthur au relais et nous descendons ensuite tous les deux en rappels). Nous reprenons la voiture direction les falaises de Wilderswill et nous finirons la journée à grimper là-bas. Heureusement la pluie arrive bien plus tard que prévu, mais cette fois-ci impossible de l’éviter. Retour au camping pour constater que la tente n’est pas complètement étanche au niveau des coutures et que l’eau commence à y entrer. Nous entamons des discussions sur la suite du camp, la météo s’annonce terrible dans la région et les chances de grimper dehors les prochains jours sont très faibles. Après plusieurs discussions, un apéro et une accalmie nous décidons de prendre la route pour le Tessin. La météo semble plus clémente là-bas et nous pourrions dormir dans une maison de la famille de Lorena.

La météo ne promettant pas de pouvoir grimper et ayant beaucoup de travail, Cédric décide de nous laisser là et de rentrer chez lui. L’équipe se rétrécit encore, la moyenne d’âge aussi, probablement un record pour un camp du club alpin. Nous arrivons finalement à plus de 23h00 après avoir cherché la clé cachée expressément par la grand-mère de Lorena (après presque une heure au téléphone pour s’assurer que tout irait bien). N’ayant rien mangé d’autre que des apéritifs salés, nous optons pour un repas tardif qui finira après minuit. Le lendemain, départ pour Malvaglia, un très beau coin doté de nombreux secteurs et offrant de l’escalade variée en dalle, fissures et dièdres dans un magnifique gneiss compact. Le temps s’avère clément et nous pouvons grimper toute la journée. Nous finissons même par aller manger une tranche de cake au bord d’une cascade à Iragna. L’eau est vraiment très froide et personne n’a le courage de s’y enfoncer au-delà des genoux.

Pour le dernier jour, nous prenons la décision de repasser de l’autre côté du Gothard au plus vite pour éviter les embouteillages du weekend de l’Ascension. Nous passons celui-ci vers 10h00 sans problème. Nous nous arrêtons sur le chemin du retour à Stanstad pour grimper encore un peu. Nous exerçons quelques manips mais nous finissons finalement sous la pluie comme pour nous rappeler que nous ne pouvons pas éternellement y échapper.  Nous terminons les rappels sous la pluie et allons nous réfugier dans la voiture. Cette fois il est l’heure de rentrer.

Malgré une météo terrible sur toute la Suisse nous avons tout de même pu bien profiter. Merci à tous les participants !

 

Colin Pelletier

 

Participants: Maée Paroz, Arthur Chalard, Louise Jobin, Cédric Bryner, Lorena Bulgheroni, Colin Pelletier