Mont Vélan (3'722m) - 23 et 24 mars 2019

Le samedi, trois équipes sont formées. Les « matinaux », Alain, Olivier et Claude qui quittent Chaux-De-Fonds au petit matin pour monter à la cabane de Valsorey avant de monter à celle du Vélan. Rosanna et Pascal qui nous retrouveront un peu plus tard à la cabane. Et enfin le gros de la troupe (Félix, Irmi, Claire-Lise, Anne-Marie, Christophe, Céline, Valentine, Julien et moi-même) qui se donne rendez-vous à l’Hôtel du Crêt à 11h et boit un café à l’hôtel en attendant les deux retardataires (dont je tairai les noms…).

Nous alternons sections skis aux pieds et courtes sections skis sur l’épaule en remontant le vallon de Valsorey par le sentier d’été. Il fait chaud, il n’y a pas que la neige qui fond et l’équipe s’éparpille un peu au gré des « désapages » des uns et des autres. Tout le monde se regroupe pour une pause pique-nique estivale. Une forte envie de sieste au soleil nous appelle mais il faut repartir, la cabane est encore quelques centaines de mètre plus haut. Au pied du dernier mur menant à la cabane, rendez-vous est donnée à celle-ci et chacun monte à son rythme, Claire-Lise et Anne-Marie devant et tout le monde derrière ! La cabane est déjà bien remplie lorsque nous y arrivons, plus une place n’est disponible pour s’asseoir en terrasse. Nous étalons dans le peu d’espace encore disponible tout ce qui doit sécher, tout est éparpillé, il y en a partout, la terrasse du refuge ressemble à un sapin de Noël… Nous nous retrouvons rapidement tous au complet à discuter, les uns à l’apéro, les autres dans le dortoir. Nous sommes seuls dans notre dortoir dont les couchettes sont « légèrement » exiguës, il ne va pas falloir trop manger avant d’aller se coucher. Le gardien a annoncé que 55 personnes s’élançaient le lendemain pour le Vélan par le col de la Gouille, ce qui gâche un peu l’ambiance car nous nous imaginons déjà devoir patienter 2h au pied du passage du col en attendant que les cordées précédentes passent. Félix nous donne les consignes pour le lendemain matin : nous essaierons d’être le plus efficace possible pour se préparer en ayant comme objectif d’être prêt à quitter la cabane à 6h, chaque cordée décollant lorsqu’elle est au complet et nous aviserons lorsque nous verrons l’état du passage du col et l’attente nécessaire (certains étant prêts à faire ½ tour ici si l’attente est trop longue). Le bon souper est avalé en discutant de sujets divers et variés. Claire-Lise ayant aidé la gardienne à servir les desserts, elle se voit offrir un génépi par celle-ci. Personne ne traîne trop après manger, le réveil est prévu à 5h, nous rejoignons tous le dortoir vers 22h. A cette heure-là, Claude dort déjà comme un bébé, masque sur les yeux, bouchons dans les oreilles. Christophe qui a choisi l’option de dormir par terre à cause de l’étroitesse des couchettes servira malencontreusement de paillasson une ou deux fois…

A 5h, c’est Irmi qui sonne le réveil des troupes. Le dortoir est vite en effervescence et nous nous retrouvons rapidement tous en tenue au petit déjeuner où un excellent Bircher nous attend. C’est un peu la cohue dans la cabane, il faut se frayer un chemin puis se trouver un petit espace pour chausser les chaussures et enfiler le baudrier. Enfin on peut sortir, récupérer les skis, mettre les peaux et chausser. Alain, Irmi et Céline sont les premiers à quitter la cabane, quelle efficacité ! Seule une cordée semble être partie avant eux. Avec Olivier et Julien, nous suivons peu de temps après. Nous partons en même temps qu’une cordée de 4 personnes dont 2 enfants de 10 ans ! Nous sommes suivis par toutes les cordées qui partent les unes après les autres. La bonne humeur est de mise, nous avons été efficaces, il y a peu de personnes devant, le passage du col devrait se faire sans trop d’attente. La remontée du glacier du Tseudet se fait tranquillement en discutant avec un magnifique lever de soleil dans notre dos. Un petit passage délicat sur neige béton nous maintient en tension et est l’occasion pour la cordée Alain-Irmi-Céline de passer devant la cordée qui les précédait et d’arriver en premier au pied du col, parfait ! Après avoir mis les skis sur le sac, chaussé les crampons et sorti le piolet, ils s’engagent dans l’ascension. Les chaines sont bien sorties de ce côté du col, les conditions ne s’annoncent a priori pas trop difficiles. Olivier, très efficace à la transition se faufile avant la cordée doublée par celle d’Alain puis nous nous engageons derrière celle-ci avec Julien. Pendant ce temps-là, le reste des troupes est arrivé et est en train de s’équiper. Le temps d’attente aura finalement été au maximum de 10 minutes pour toutes les cordées, loin des heures redoutées la veille. Une fois passé le petit pas de 3 qui nous met directement dans l’ambiance, le reste de la montée s’effectue entre neige et rocher, entre chaîne et piolet. C’est impressionnant, il ne faut pas se louper mais il n’y a pas de grande difficulté technique. Au-dessus, Olivier nous attend en préparant la corde, les chaines sont un peu plus recouvertes dans la descente, il préfère assurer le coup. Il y a en effet un ou deux passages un peu plus délicat où la corde rassure mais rien d’extrême non plus, je m’étais imaginé ce passage comme étant plus difficile. Regroupement au pied du col pour changer à nouveau de matériel. Il ne manque que Félix, Valentine et Christophe mais nous décidons d’attendre un peu plus haut car à cet endroit nous sommes exposés à d’éventuelles chutes de pierres. Regroupement général dans la bonne humeur, ravitaillement, équipement et nous voilà reparti à l’assaut du Vélan. La montée est régulière, des petits groupes se forment, le glacier est magnifique avec ses séracs. Nous rattrapons la cordée avec les deux jeunes de 10 ans, ils sont solides et iront au sommet sans souci ! Un dernier « mur » avec une conversion un peu délicate nous ouvre la porte du sommet. Il ne fait pas froid, il n’y a pas de vent, pas un nuage à l’horizon, une vue à 360°, Grand Combin, Dent Blanche, Weisshorn, Cervin, Mont Rose, Mont Blanc (le seul sommet français qui vaille le coup d'être mentionné ;) ), c’est dans ces conditions de rêve que nous pique niquons et attendons l’arrivée de toute l’équipe au sommet. Le compte y est, tout le monde est arrivé en haut, bravo à tous. Il faut néanmoins penser à quitter notre îlot paradisiaque pour redescendre avant que la chaleur ne rende les conditions trop dangereuses. Nous redescendons le glacier entre très bonne neige et neige soufflée avec de très beaux moments de ski. Le couloir du glacier de Valsorey est impressionnant vu d’en haut avec ses 40° de pente sur environ 150m de dénivelé. Nous avions peur de le trouver béton mais Alain et Olivier qui s’y sont engagés en éclaireur nous rassurent en enchaînant les virages. Chacun le descend avec sa technique, bravo à tous et spécialement à ceux qui sont le moins à l’aise à ski de l’avoir descendu aussi bien. En bas, la neige n’est plus la même mais ça reste franchement skiable, nous filons vers le bas du glacier. Pascal et Rosanna flairent la bonne option pour éviter de trop pousser sur les bâtons sur le replat du glacier. Les replats n’étant le point fort du snowboard, Christophe transpire un bon coup pour nous retrouver. Nous retrouvons nos traces de montée et nous engageons dans un petit boardercross très ludique sur celles-ci entre taches d’herbes et rochers. Moyennant quelques déchaussages, nous atteignons et traversons le torrent du Valsorey sur un pont en bois pour passer sur sa rive gauche. Après une partie facile relativement plate, c’est le début du terrain d’aventure : slalom dans la végétation, traversée de torrent à gué, traversée de pont, « escalade », c’est très varié comme sortie ! La fin est plus calme avec encore un ou deux déchaussages mais nous arrivons skis aux pieds au parking et ça c’est la classe à Dallas ! Nous débriefons au soleil sur la terrasse de l’hôtel du Crêt avec quelques rafraîchissements mais ne tardons pas trop pour éviter les bouchons des retours de station. Mission ratée, on n’aura pas réussi à les éviter.

Merci à tous et spécialement à Félix pour ce weekend incroyable organisé de main de maître. Tous les ingrédients étaient réunis : météo parfaite, bonnes conditions sur l’itinéraire et surtout une très bonne ambiance dans l’équipe avec beaucoup de rires et de solidarité, on repart quand vous voulez !