Randonnée à Alpe Devero

Quatre jours à Alpe Devero

Participants: Jeanine et Giovanni Cassi, Francine et Michel Perrenoud, Berthi et Maxime Zürcher, Paulette Dale Roberts, Gilberte Gerber, Jocelyne Kohli, Claudine Ullmo, François Humbert et Maurice Zwahlen (organisateur).

Lundi 12 août 2019

Voyage en train sans histoire jusqu'à Domodossola avec un départ de la Chaux-de-Fonds à 6 heures, le groupe se complétant à Neuchâtel et à Brigue. Du côté sud du tunnel du Simplon une pluie diluvienne nous accueille et à Domodossola, le contrôleur nous fait traverser une bonne partie du train afin de descendre à l'abri sous le quai couvert. Nous trouvons le bus qui part pour Baceno sous une "roille" impressionnante, qui heureusement diminue au fur et à mesure que nous montons dans la vallée. Dans ce grand village où nous devons changer de véhicule, le chauffeur qui doit nous conduire à  Alpe Devero nous indique que la route est coupée en raison d'un torrent qui a débordé et qu'au mieux nous partirons à midi, mais plutôt à14 h. Il est 10 heures, la pluie a cessé et nous nous séparons en plusieurs petits groupes afin de visiter ce village typiquement italien. L'église en grande partie romane est construite sur un éperon rocheux et elle a deux particularités étonnantes: la nef est en pente, elle monte vers l'autel, et les murs intérieurs, certaines colonnes et une partie de la façade principale sont recouverts de fresques anciennes, souvent restaurées récemment. Nous nous abritons dans un café où la gentillesse de la patronne nous permet d'y manger nos pique-niques… Il est 14 heures, le bus va enfin partir et c'est tout juste que 3 touristes qui mangeaient dans un autre restaurant arrivent au départ après avoir abandonné café et grappa déjà commandés !!!

La route vers Alpe Devero est sinueuse et raide, mais le chauffeur est habile et expérimenté. C'est à Craveo ou de Goglio que le torrent a débordé. Sans hésiter, à l'entrée du village le chauffeur déplace la barrière et s'engage sur le tronçon de route encore interdit. Les dégâts semblent peu importants, mais sur une centaine de mètres des gravats et des pierres recouvrent la chaussée. Le petit bus passe lentement et bientôt nous arrivons au parking situé au-dessous d'Alpe Devero, un village qui est exclusivement piétonnier. Nous déchargeons nos bagages et nous nous mettons en marche vers notre hôtel Casa Fontana. Nous traversons la partie principale du hameau, puis longeons un chemin blanc avant d'arriver à une pancarte indiquant un sentier qui monte vers notre hôtel. Certains s'y engagent, d'autre continuent pour emprunter une petite route pierreuse. Après avoir transpiré un bon coup, - il faut monter plus de 50 mètres-, nous nous retrouvons tous les 12 devant le superbe chalet situé au sommet d'une butte boisée où nous passerons 4 jours fort agréables. L'accueil est chaleureux, en français car les propriétaires sont Suisses et Italiens et il semble que nous occuperons tout le petit hôtel. Les trois couples logeront dans des chambres superbes au premier étage, les 4 femmes dans une vaste pièce au 2e, et les 2 hommes dans une petite chambrette mansardée, tout à fait confortable encore que la place manque pour une penderie ou une armoire…

Une fois installés, il est beaucoup trop tard pour partir en course ceci d'autant plus que le temps menace. C'est munis de parapluies parfois prêtés par les hôteliers que la plupart d'entre nous décident d'aller faire un tour au village. Mais la pluie se remet à tomber, certains rentrent à l'hôtel, d'autres s'abritent d'abord dans la chapelle puis dans un bistrot et lorsque la pluie cesse, nous ne sommes plus que cinq (Gilberte, Francine, Michel, François et moi) à nous engager sur les chemins qui font le tour du plateau d'Alpe Devero. Nous parcourrons au total un peu plus de 3 km en passant par endroits dans des petits hameaux dont les maisons de pierre avec des toits de lauze sont caractéristiques de cette région du sud des Alpes. Celui de Canton où se trouve le refuge Castiglioni du Club Alpin Italien est particulièrement charmant.

Nous rentrons bien assez tôt pour l'apéro, un petit rosé sans prétention mais délicieux à 5 euros le demi-litre. Le souper qui a lieu à 19 h 30 est particulièrement soigné, original et délicieux: Entrée, premier et deuxième plat, dessert. Excellent. Dans les spécialités de ce soir à choix: des joues de bœuf et de la glace à la fleur d'oranger. Nous allons nous coucher un peu après 22 heures.

Mardi 13 août 2019

Après un copieux petit déjeuner buffet pris vers 7 h 30, nous nous mettons en marche une heure plus tard. Le temps est agréable, un peu frais, idéal pour marcher. Notre objectif: Le bivouac Combi e Lanza à 2403 m d'altitude. Nous descendons notre colline, traversons le village et parvenus au hameau à l'ouest de la plaine d'Alpe Devero  (1641 m), nous attaquons une bonne montée sur un sentier qui monte régulièrement, en partie en forêt et qui nous amène assez vite à Buscagna, un alpage situé 300 mètres plus haut. Un arrêt s'impose pour souffler, pour boire et pour admirer le paysage. Ensuite nous traversons d'est en ouest le plateau: il s'agit d'un biotope particulier, un ruisseau le parcourt en faisant toutes sortes de méandres et il ressemble, du point de vue de la végétation à un marais comme ceux de la vallée de la Sagne, les bouleaux en moins, les linaigrettes en plus. Nous observons un mulet en fuite poursuivi par un berger en moto tous terrains, seul bruit de moteur entendu de toute la journée. Alpe Buscagna 1997 m, un alpage où seule une maison n'est pas en ruines, nous attaquons une rude montée sur un tout petit sentier. 250 mètres plus haut, il vient buter contre une paroi de rocher. C'est là que nous faisons une bonne halte; Jeannine n'ira pas plus haut, sa main blessée lors d'une chute la semaine précédente dans le Queyras, l'empêchant de s'agripper aux rochers et aux racines dans la partie qui suit, particulièrement escarpée. Nous continuons lentement et par à coups, Maxime, Giovanni et François sont à l'aise dans ce terrain où alternent des bouts de sente raide et de brèves parties rocheuses où les mains sont nécessaire. Après être montés une bonne cinquantaine de mètres Claudine décide de redescendre. Nous nous concertons, continuons encore un peu et comme la suite n'est guère plus engageante – il faut crapahuter dans un ruisseau-, je prends la décision de faire demi-tour, craignant un peu les passages délicats toujours un peu plus scabreux à la descente. Giovanni qui est allé voir la suite continue et parviendra au bivouac. Il nous dira que  là-haut, ce n'était pas de tout repos. Maxime, après avoir aidé ceux qui n'avaient pas le pied très sûr dans la descente, remonte et ira lui aussi jusqu'au bivouac sans le moindre problème.

Nous nous réunissons tous au pied des rochers pour pique-niquer et pour apprécier longuement le fait d'être en montagne, qu'il y fait beau, que nous sommes bien et que tous les membres du groupe s'apprécient l'un l'autre.  Puis nous descendons à Alpe Buscagna, traversons une partie le plateau en sens inverse, jusqu'à un petit pont qui nous permet de franchir la rivière avant de monter légèrement en forêt jusqu'au Lago Nero à 2050 mètres d'altitude approximativement. Il y a beaucoup de monde car c'est un endroit particulièrement idyllique. Le nom du lac lui a sans doute été donné en raison des conifères très sombres qui l'entourent et qui lui donnent son aspect de couleur noire très caractéristiques de certains petits lacs en moyenne montagne. Le plan d'eau donne envie à Michel et à Maxime de s'y baigner, mais comme le soleil s'est caché ils renoncent.

Nous entreprenons ensuite la descente qui nous ramènera à Alpe Devero. Nous parvenons à Alpe Misanco un alpage qui semble être habité durant certaines périodes de l'année mais qui ne l'est pas aujourd'hui. Nous observons sur le haut de la façade de la maison en pierre deux ouvertures très curieuses qui semblent être des cheminées. Nous prenons nos aises car nous avons du temps, bavardons, terminons nos pique-niques et par groupes nous nous mettons en marche pour une assez longue descente en forêt qui nous ramène à Alpe Devero. La boucle est bouclée et les derniers arrivés au village étanchent leur soif dans un petit restaurant avant de remonter la colline menant à notre hôtel.

Distance parcourue: Environ 9 km, dénivelé positif 675 m (800 pour le bivouac), 6 heures de marche effective.

Mercredi 14 août

A 8 h 30 nous nous mettons en route pour une course  un peu "à la carte" suivant les conditions rencontrées et la forme des participants. Il fait froid, le vent souffle fort et l'hôtelière nous propose gants et bonnets! Nous descendons "notre" colline et empruntons un bon sentier vers le tout joli petit village de Crampiolo (1767 m). J'ai de la peine à me mettre en marche et par moment j'hésite à faire demi-tour. Mais la machine finit pas fonctionner et c'est très normalement que je parviens ensuite au barrage qui retient le lac d'accumulation de Devero (1860 m). Le barrage poids, construit en deux phases, entre 1912 et 1924 est particulièrement massif. Nous suivons ensuite le sentier sur la rive orographique droite du lac. Le chemin est agréable mais par endroits quelque peu caillouteux, il monte et il descend et offre de très jolies perspectives sur les eaux presque turquoise de cette retenue de près de 3 km de long. Nous faisons une pause à l'extrémité nord au lieu-dit Alpe Perrego.

Nous montons ensuite près d'une belle gorge au lac Pianboglio à quasi 2000 mètres d'altitude. Nous cherchons un endroit à l'abri du vent pour pique-niquer, et nous le trouvons au pied d'un mur en moellons reste d'un ancien barrage en partie détruit. Après le repas nous nous séparons en deux groupes. Les plus aguerris monteront à l'Alpe Forno Inferiore, 2200 m d'altitude, et rentreront par des hauts plateaux et plusieurs petits lacs avant d'arriver à Alpe la Satta (2200 m)  puis à Alpe della Valle  (2054 m) avant de rejoindre le chemin du bord du lac Devero. Ils auront bénéficié d'une vue superbe sur les hauts chemins alpins. Paulette, Jocelyne, Claudine et moi revenons au lac Devero, traversons un petit pont et décidons de rentrer par la rive gauche, bien que des indications nous signalent que le chemin est coupé à la suite de l'effondrement d'un pont. Cependant des promeneurs nous avaient signalé que "ça passe". Le sentier est magnifique, facile et les vues sur le lacs sont encore plus belles qu'à l'aller. Nous sommes en grande partie en forêt, des mélèzes surtout qui offrent une lumière particulièrement belle. Nous arrivons au pont écroulé: Impressionnant !   Le chemin s'arrête devant un trou avec le ruisseau 5 à 6 mètres plus bas. Une sente nous permet d'accéder à une sorte de plage et nous franchissons sans encombre les deux bras du torrent sur des pierres posées afin de faciliter le passage. Peu après nous arrivons à une petite route d'alpage qui nous conduit, sans passer par le barrage à Crampiolo. Là, c'est la foule et nous trouvons enfin une table dans un coin quelque peu ombragé d'un restaurant pour y étancher notre soit. Il fait très chaud depuis un moment et le village grouille de monde. Puis tranquillement nous rentrons à notre hôtel où la montée achève de nous préparer à une bonne douche.

Distance parcourue par notre groupe: 13.5 km, 550 m de dénivelé positif, environ 5 heures de marche effective.

Distance parcourue par l'autre groupe:16 km, 720 m de dénivelé positif, environ 6 heures de marche effective.

 

Jeudi 15 août 2019

Après le traditionnel petit déjeuner pris à 7 h 30, c'est un peu plus tard que nous partons car il nous a fallu régler nos comptes, et ce fut quelque peu laborieux, vu que sans doute, j'étais mal réveillé.

Départ à 9 h 30 pour le village d'Alpe Devero où nous hésitons un peu avant de franchir un petit pont de bois et de prendre le bon sentier qui descend parallèlement à la rivière et non loin de la route où sont parquées de très nombreuses voitures de gens qui participent à la fête de l'Assomption et des "Alpinis". Nous parvenons à Cologno (1589 m) d'où nous remontons un vallon vers le nord-est en direction du col de la  Forcoletta (1889 m). La montée, tantôt en forêt, tantôt sur des pâturages nous conduit à un alpage sans nom sur la carte coté 1684 où nous nous accordons une pause. Un peu plus haut, nous décidons de prendre le chemin de droite qui sur la carte semble faire un détour évitant la très raide pente sous le col. Le paysage ressemble un peu aux Préalpes fribourgeoises. Nous faisons un nouvel arrêt près d'un abri à moitié en ruine et un peu plus haut nous nous divisons en deux groupes; le plus audacieux passeront à proximité de l'alpage Fontone et franchiront la barre rocheuse sur une sorte de vire impressionnante à cause du vide, mais guère difficile par temps sec. Les autres chercheront assez longuement une sente abandonnée qui conduit au col sur une pente herbeuse très raide et délicate. A force d'observations, nous la découvrons et parvenons à rejoindre le sentier en lacets qui monte au col. Là, une bonne pause réunit toute l'équipe, avant d'entreprendre la descente côté nord du col, dans un superbe petit vallon boisé riche en nuances de verts. A Corte d'Ardui, (1760 m) le sentier part à gauche puis se dirige vers l'ouest où il rejoint un des bons chemins qui relient Alpe Devero à Crampiolo.

Après la paix de notre randonnée où les seules rencontres furent celles d'un troupeau de chèvres noires et blanches et de deux marmottes, la foule de la fête à Alpe d Devero nous fit changer totalement de perceptions. Nous entrons dans un autre monde où nous nous régalons de polenta sous une tente particulièrement bruyante. Puis nous prenons des cafés sur un mur (Merci Claudine), en observant les gens vautrés dans le pré, comme à la plage, les familles qui passent, les nombreux chiens, en attendant les deux véhicules qui, dès 16 heures nous conduiront à Domodossola. C'est un bus pour 8 personnes appartenant au patron de l'hôtel et la voiture privée de son fils qui pour 150 euros nous conduisent à Domodossola. Nous rentrons avec des correspondances qui se suivent sans arrêts notoires, de sorte que nous arrivons à 20 heures à la Chaux-de-Fonds.

Distance parcourue, 7 km, 500 m de dénivelé positif, 4 heures de marche effective.