Rauflihorn le 12 mars 2022

Nous devions aller en Valais, mais les conditions météorologiques et d’enneigement nous ont finalement poussé∙e∙s vers l’Oberland bernois. Notre chef de course (Felix) ayant probablement corrompu les employés de Météosuisse, nous sommes accueillis au Diemtigtal par un soleil printanier et un ciel bleu sans nuage. Objectif du jour, le Rauflihorn (2'323m). Petit arrêt au café Eggli, 1'100 mètres plus bas, où nous découvrons ébahis la spécialité du lieu : les Mändelgipfeln (ou Mändelgipfou). Imaginez des croissants au jambon traditionnels, multipliez leur taille par dix et fourrez-les avec de la pâte d’amande. Une bouchée et vous avez l’énergie suffisante pour grimper l’Everest.

Manque de peaux

Après avoir ainsi recharger nos batteries, nous entamons la montée aux alentours de 9h, après avoir lâchement abandonné un participant sur le parking du restaurant : le bonnet de Stéphanie. Personnellement, j’ai embarqué mes anciennes peaux, beaucoup trop étroites pour mes skis actuels. Oups. Ça risque de glisser par endroits. J’hésite un moment à remplacer la rando par du shopping à Berne mais comme c’est ma première – et probablement unique – course de l’année, j’opte pour l’option initiale. Je ferai avec.

Le début se passe plutôt bien, la piste en forêt est encore bien enneigée, nul besoin de porter les skis. Hormis à quelques endroits, les peaux crochent bien au sol. Après une petite pause au sortir de la forêt, nous entamons la montée vers le col sans trop d’encombres. La pente est douce. L’équipe est là pour le plaisir et le partage, dans la joie et la bonne humeur. Tout le monde veille à ce que chacun puisse suivre son propre rythme. Personne n’est là pour la performance.

Super saut de corniche

À partir du col, les choses se compliquent un peu. La pente n’est toujours pas très raide mais la neige est bien gelée. Mes skis glissent souvent en arrière et comme j’ai bêtement oublié les couteaux dans la voiture, je dois lutter à la force de mes bras pour avancer (ou du moins pour ne pas reculer). Du coup, j’atteint le sommet avec les biceps en feu – une première en ski de randonnée. Le paysage au sommet me fait vite oublier ces prémisses de courbatures. Il est splendide : une vue à 360° sur les Alpes bernoises. Le vent souffle, le froid se fait ressentir, donc la pause ne dure pas. La motivation de certain∙e∙s à emprunter un couloir plutôt que de repasser par le col se fait contagieuse et tout le monde suit Christophe qui a repéré le passage à la montée.

Sauf que… notre éclaireur s’offre un « super saut de corniche » (Stéphanie, 2022), plonge en arrière et disparaît dans le vide sous les yeux apeurés de tou∙te∙s les participant∙e∙s. Nous ne savons absolument pas ce qui l’attend de l’autre côté de la crête. Pente raide ? Rochers ? Falaise ? Le stress monte. Morgane sprint vers le surplomb pour connaître le sort de son conjoint, pendant qu’Yves trouve un passage pour rejoindre le lieu d’atterrissage du skieur, alors que nous restons à distance pour éviter de surcharger la corniche. Finalement, Christophe s’en sort avec une grosse frayeur. Il racontera avoir glissé pendant de longues secondes dans la pente sans savoir quand ni comment sa dégringolade se terminerait. Une chute qui rappelle à quel point le moindre faux pas peut entraîner des conséquences fâcheuses en montagne – heureusement ici sans gravité.

Bière méritée

Le groupe se reforme au pied du couloir et poursuit la descente dans une neige difficile car très changeante, avant de rejoindre la neige de printemps du sentier forestier. Stéphanie retrouve son bonnet égaré. La bière sur le chemin du retour a une saveur de réconfort et Felix reçoit les remerciements unanimes des participant∙e∙s pour une course qui s’est avérée sincèrement joviale.

Lena Würgler

Participant∙e∙s : Rosanna, Alain, Christophe, Morgane, Quentin, Stéphanie, Patrik, Lena, Yves, Solange, Marcel, Félix et Christophe.